L’ostéomalacie au cours de la maladie cœliaque : à propos de 10 cas observés dans un service de médecine interne - 28/11/18
Résumé |
Introduction |
L’ostéomalacie est la première altération osseuse décrite au cours de la maladie cœliaque (MC) diagnostiquée à l’âge adulte, survenant surtout chez les femmes. La présentation clinique habituelle associe des douleurs musculaires, une faiblesse musculaire proximale, une démarche dandinante et des fractures spontanées. Aujourd’hui, l’ostéomalacie est devenue une complication rare de la MC de l’adulte vu le diagnostic devenu précoce. Cependant, elle est encore diagnostiquée dans les pays du Maghreb.
Patients et méthodes |
Sur une étude de 43 cas de maladie cœliaque de l’adulte, diagnostiqués sur des arguments cliniques, immunologiques, endoscopiques, histologiques et évolutifs colligés dans le service de médecine interne sur une période allant de 2001 à 2018, nous rapportons 10 cas d’ostéomalacie.
Résultats |
Notre série comporte 10 femmes avec un âge moyen de 30 ans et des extrêmes allant de 19 à 44 ans.
Le diagnostic de maladie cœliaque était confirmé par l’association de signes cliniques, de stigmates de malabsorption, d’immunologie positive et des données de la fibroscopie digestive. Une diarrhée chronique était retrouvée chez 7 patientes. Les signes généraux avec une asthénie et un amaigrissement étaient retrouvés chez 8 patientes et une anémie chronique était retrouvée dans les antécédents des malades dans 8 cas.
L’ostéomalacie faisait partie du tableau initial de la MC dans 9 cas et comme complication d’une MC connue sous régime mal suivi dans 1 cas. Les manifestations ostéoarticulaires étaient le motif de consultation dans 6 cas. L’interrogatoire retrouvait des douleurs osseuses principalement au niveau du bassin dans 5 cas. Les arthralgies mécaniques étaient retrouvées chez 9 patientes.
Sur le plan biologique, l’hypocalcémie était notée chez toutes les patientes avec des chiffres allant de 1,76 à 2,11mmol/L. Une hypophosphorémie franche était retrouvée dans 6 cas. La calciurie de 24h était faite chez 7 patientes toujours <5mmol/24h. Les PAL étaient élevées dans 8 cas avec des chiffres qui variaient entre 3 et 5 fois la normale. Le dosage de la vitamine D était fait dans 8 cas. Le taux de 25 (OH) vitamine D était<10ng/ml dans 7 cas et à 12ng/ml dans un cas. Toutes nos patientes avaient des chiffres d’hémoglobine<10,5 g/dl dont 5 étaient déjà sous traitement martial.
Sur le plan radiologique, les fractures et les fissures étaient retrouvées chez 6 patientes et touchaient principalement les branches ischiopubiennes. Un aspect déminéralisé avec présence des stries de Looser-Milkman dans 3 cas. La scintigraphie osseuse était faite dans 2 cas objectivant des foyers d’hyperfixation en rapport avec des fissures costales.
La mesure de la densité minérale osseuse (DMO) par absorptiomètre biphotonique à rayon X avec évaluation du T-score et du Z score était pratiquée dans 4 cas objectivant une baisse importante de la DMO dans tous les cas.
La conduite thérapeutique était en plus du régime sans gluten, un traitement martial associé à un traitement substitutif vitaminocalcique.
L’évolution était favorable chez toutes les malades avec amélioration de la marche, disparition des douleurs osseuses et normalisation du bilan phosphocalcique. Une mesure de DMO de contrôle a été réalisée dans 2 cas objectivant une normalisation de la densité minérale : le T-score au rachis lombaire est passé de−4,3 à−0,2 pour la 1re patiente et de−3,5 à 0,5 pour la 2e patiente.
Discussion |
Parmi les conséquences à long terme d’une MC non diagnostiquée ou non prise en charge, l’ostéomalacie est fréquente. Elle a affecté 23 % de nos patients atteints de MC, indépendamment de la présence de symptômes digestifs. Cette complication osseuse est liée à une hypovitaminose D secondaire au syndrome de malabsorption. L’administration de calcifédiol (Dédrogyl®), peut être alors indiquée ; car il court-circuite la phase hépatique du métabolisme de la vitamine D et la posologie quotidienne est plus importante que pour la carence nutritionnelle.
Conclusion |
La perception de la maladie cœliaque a changé, évoluant d’une entéropathie plutôt rare à une maladie commune, qui affecte de multiples organes. Les formes atypiques sont devenues la présentation clinique la plus fréquente de la maladie. Sa détection est d’une importance capitale et ce pour permettre d’instaurer rapidement un régime sans gluten et d’éviter ainsi les formes évoluées et de permettre une meilleure qualité de vie.
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Vol 39 - N° S2
P. A143 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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